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Porte-parole régionales

Émilie Nicolas, 28 ans
Originaire de Grande-Rivière, en Gaspésie

Aux études secondaires, Émilie était en formation métier spécialisé (FMS) à raison de 3 jours de classe –2 jours de stage. À cette époque, son diagnostic de TDAH/TAG n’était pas posé, donc non contrôlé. Les apprentissages étaient ardus et la motivation à son plus bas niveau. En entrevue, elle-même se qualifie même de « chipie » lorsqu’elle parle de son adolescence. Elle était plus ou moins appréciée de ses enseignants. De plus, selon elle, ses fréquentations n’étaient pas recommandables et elle se privait d’aide professionnel à cause du regard de ses pairs sur elle.

À 16 ans, elle abandonne ses études et retourne périodiquement à l’éducation aux adultes, avec plusieurs abandons. À ce moment, pour elle, concilier les études et le travail était plus que difficile, car elle savait qu’elle pourrait abandonner facilement les études pour continuer à travailler. Le plus grand obstacle à sa persévérance ? « Moi-même! C’est tellement facile de lâcher! » dit-elle.

Un jour, son copain lui demande ce qu’elle fera de sa vie, lui demandant si elle allait travailler toute sa vie au salaire minimum. Devant cette réflexion, à 24 ans, avec un diagnostic de TDAH/TAG et une médication adaptée, elle se prend en main puis retourne aux études. En un an, elle termine ses 2e, 3e et 4e années du secondaire. L’année suivante, elle complète son 5e secondaire et s’inscrit au diplôme d’études professionnelles (DEP) en secrétariat. Elle est acceptée sous conditions de terminer ses mathématiques de secondaire 4 - obligatoire pour le diplôme d’études secondaires (DES). L’ajout d’une orthopédagogue a été, pour elle, une grande partie de sa réussite. Ensemble ils trouvaient toujours des petits trucs simples et efficaces pour l’aider à continuer, son orthopédagogue est là pour lui rappeler de poursuivre ses objectifs. Aujourd’hui, Émilie déclare que « le secret de la réussite se cache dans l’effort et la capacité à demander de l’aide ». 

À la reprise de ses études, Émilie a débuté à s’impliquer comme bénévole chez OAA Espoir Câlin MRC Rocher Percé, un organisme qui vient en aide aux animaux. Elle s’implique chaque semaine et prend la décision de s’engager comme administratrice au sein du conseil d’administration. Pour elle, le refuge est une source de motivation et de persévérance : elle réussit à apprivoiser, soigner un chat, etc. Elle cite : « la découverte du bénévolat a été un grand baume sur mon cœur, de voir ses petits animaux en sécurité et au chaud, c’est ça notre paie à nous les bénévoles. »

Questionnée sur la valeur donnée à une note obtenue ou à un diplôme, Émilie nous mentionne qu’au début de son DEP, elle se trouvait « poche » de faire un DEP. Aujourd’hui, elle déclare : « On dit qu’il n’y a pas de sous-métiers… il n’y a pas de « sous-diplômes » non plus! » En complément, elle rappelle l’importance de porter attention aux paroles dites aux jeunes : un message négatif peut faire du ravage et décourager!

Pendant ses études, Émilie est engagée comme étudiante durant la période estivale 2021 aux bureaux de Services Québec. Puis, de septembre à décembre, elle continue comme employée-étudiante à moins de 14 heures/semaine. Émilie mentionne que sa gestionnaire était à l’écoute de ses besoins, qu’elle prenait de ses nouvelles régulièrement quant à son avancement scolaire, et qu’elle l’encourageait à continuer et à persévérer. Elle a été d’un grand soutien pour elle.

En plus des personnes ci-dessus mentionnées, sa mère a été une des personnes de son entourage les plus significatives. Source de motivation, cette dernière a décidé de montrer l’exemple en retournant compléter son DES, alors que son métier en tant que travailleuse autonome ne l’exigeait pas. À l’époque, devant les encouragements persistants de sa mère, Émilie n’était pas pour autant toujours motivée de continuer. Mais sous un autre regard, elle encourage maintenant les parents à persévérer à encourager leurs enfants, même si eux-mêmes ne persévèrent pas. Ce ne sont pas des efforts perdus. Pour elle, les attitudes gagnantes à adopter par l’entourage sont l’écoute, la compréhension et le soutien.

Émilie a finalement obtenu son DEP en janvier 2022 avec son DES. À la fin de sa formation, elle a participé à un processus de qualification particulier (PQP). Elle est donc employée en tant qu’agente de secrétariat – préposée aux renseignements pour Services Québec depuis le 17 février 2022.

« Au début, on vous demandera pourquoi vous le faites, 
puis on vous demandera comment vous l’avez fait. » Émilie Nicolas

Laurie Lachance, 24 ans
Originaire de Grande-Vallée, en Gaspésie

Laurie est une jeune femme douce qui présente un trouble développemental du langage (TDL), une dyslexie, une dyspraxie et une dysorthographie.

À la suite d’un dur combat mené par sa mère, Laurie a reçu les services d’un centre de réadaptation de l’âge de 18 mois à 13 ans. Les diagnostics de TDL et de dyspraxie sont ainsi venus, puis les autres se sont ajoutés par la suite.

Dès son entrée à l’école, Laurie est placée dans une classe régulière avec l’aide d’une éducatrice spécialisée. Cet aide lui est d’un grand support, certes, mais lui procure un sentiment de différence par rapport à ces camarades de classe, même si ceux-ci connaissent ses difficultés et l’encouragent. Alors que l’école ne comprend pas les diagnostics de Laurie, cette dernière n’a toujours pas droit à d’autres services adaptés.

Au secondaire, on souhaite la transférer dans le programme FMS (formation à un métier semi-spécialisé), mais Laurie est habitée par la volonté d’obtenir son DES. Elle travaille fort, s’inscrit à des cours de soir en mathématique, lui permettant de passer d’une note de 33% à celle de 88%. Le support de ses enseignants et du personnel de soutien est marquant. Laurie souligne qu’une de ses enseignantes lui disait régulièrement « tu vas aller loin petite fleur ». Cette phrase est demeurée gravée dans sa mémoire.

En entrevue, Laurie nous souligne l’importance qu’ont eue son amoureux et sa famille quant à l’aide qu’ils lui ont apportée durant toutes ses années scolaires. Elle mentionne à plusieurs reprises l’apport de son beau-père qui l’a soutenu et lui a enseigné à gérer son stress et sa préparation aux examens. Ce dernier lui disait souvent : « il y a des journées où ça va vraiment mal, mais il y a un lendemain ». La patience, la confiance et la présence : c’est ce qu’elle a reçu de sa mère et des personnes significatives qui l’ont encouragée tout au long de ses études.

Bien que Laurie ait longtemps ressenti de la honte face à ses diagnostics, elle déclare aujourd’hui qu’il faut accepter d’être différent et qu’on ne doit pas être gênés d’aller chercher l’aide offerte et les outils mis à notre disposition.

Extrêmement fière d’avoir obtenu son DES, Laurie se dirige vers les études collégiales en Techniques en travail social, ayant comme mission de redonner au suivant. Elle qualifie l’aide reçue au cégep comme étant davantage adapté et de qualité. Évidemment, elle vit des jours plus sombres. En exemple, Laurie nous raconte une mauvaise expérience vécue avec un enseignant qui avait tenu des propos méprisants à son égard et avait qualifié un de ses travaux comme étant un échec total.

Parallèlement à ses études collégiales, Laurie travaille à temps partiel dans une maison des Jeunes, ne lui donnant qu’une seule journée de congé par semaine, et ce, pendant quatre années complètes d’études. C’est sa détermination qui l’a poussée à persévérer. Elle nous mentionne remplie de fierté qu’elle voulait et qu’elle a prouvé aux gens qui n’avaient pas cru en elle, que malgré ses diagnostics et ses difficultés, qu’elle pouvait y arriver. Non seulement elle pouvait obtenir son DES, mais elle pouvait aussi obtenir un DEC.

Nous soulignons particulièrement la gratitude qu’elle a envers les personnes significatives de son entourage qui l’ont accompagné tout au long de son cheminement scolaire.

Vanessa Renaud, 37 ans
Originaire de Cap-aux-Meules, aux Îles-de-la-Madeleine

Vanessa a débuté ses études secondaires par un événement difficile à surmonter: la perte de son père. Le deuil est lourd et celui-ci a un impact sur son parcours scolaire la menant vers l’abandon alors qu’elle est en 4e secondaire.

Elle n’a toutefois pas dans l’idée de lâcher ses études pour ne « rien faire ». Sans son diplôme d’études secondaires (DES) en poche, elle s’inscrit donc un peu plus tard au cours de coiffure qu’elle termine en 2004, puis exerce le métier avec passion pendant 15 ans.

C’est en 2010 qu’elle se lance le défi personnel de terminer ses études secondaires à la formation générale des adultes. Ainsi, pendant deux ans, à raison de 2 jours par semaine, elle complète tous ses cours de 4e et 5e secondaire pour obtenir son DES. Sa persévérance, sa détermination et sa réussite seront récompensées par l’obtention d’une bourse de finissante. Pour elle, croire en soi, y aller avec conviction et s’allier avec du monde significatif est une source de réussite.

À la fin de l’année 2019, elle prend une autre décision importante, celle de quitter le domaine de la coiffure et de retourner aux études. Elle s’inscrit au cégep dans le programme menant à l’attestation d’études collégiales (AEC) en éducation à l’enfance. Toute la formation est suivie à distance et elle obtient son diplôme au printemps 2022. Conséquemment, elle travaille dans les services de garde au sein des écoles et fait de la suppléance à l’occasion.

Toutefois, Vanessa ne se sent toujours pas accomplie professionnellement et désire poursuivre ses apprentissages pour devenir enseignante. Actuellement, Vanessa est inscrite au baccalauréat en enseignement au primaire préscolaire, formation offerte à distance. À la fois, elle occupe un emploi à raison de 15 heures par semaine en tant que préposée aux élèves handicapés dans une école primaire. Questionnée sur la place occupée par son employeur dans sa persévérance scolaire, Vanessa souligne que ce dernier démontre une très grande compréhension envers ses ambitions en lui accordant une souplesse dans son horaire de travail.

Pour ce qui est de la place de son entourage dans son parcours, Vanessa mentionne que la décision de retourner aux études s’est prise conjointement avec son amoureux. Son soutien, son ouverture et ses encouragements, ainsi que ceux de ses proches, ont été et sont encore des déterminants dans sa persévérance scolaire. Ils lui répètent sans cesse qu’ils croient en elle et sont fiers d’elle.

Puisque Vanessa a passé par différents niveaux scolaires, nous la questionnons quant à l’importance et à la valeur qu’elle accorde à la diplomation. Elle nous répond sans hésitation « qu’un diplôme, ça ouvre des portes! Que peu importe le domaine ou le niveau, il a la même valeur. L’important est d’aller vers quelque chose qui nous parle, à la hauteur de ce qu’on veut accomplir et ce que l’on cherche. » Ajoutant qu’un diplôme apporte un riche sentiment de compétence et de fierté.

Bien que Vanessa ne démontre pas de grande difficulté à l’école, elle doit travailler fort et a quand même son lot de défis quant à la conciliation entre les études, le travail et le rôle de maman d'une fillette de 6 ans. Sa devise? « À cœur vaillant, rien d’impossible! » Puis à ceux qui voudraient se lancer vers la formation à distance, elle leur dit qu’ils doivent se fier à eux-mêmes, être autonomes, débrouillards et avoir de la volonté; qu’un parcours peut être rempli de défis et d’embûches, mais qu’il ne faut pas craindre de demander de l’aide, de lever le drapeau et d’aller jusqu’au bout de ses rêves et ses ambitions.

« Souvent, les gens pensent que ceux qui réussissent n’ont pas d’embûches. Au contraire, les plus grandes réussites arrivent à ceux qui y croient et ne lâchent pas! »
Vanessa Renaud